Au XVIe siècle, la culture du pastel assura la richesse de l’Albigeois et du Lauragais. Dans le petit village de Lautrec, notamment, cette plante tinctoriale est remise au goût du jour.
Vous cherchez le Pays de cocagne? C’est ici. Durant un siècle. de 1450 à 1560, la région entre Toulouse, Albi et Carcassonne allait être durablement transformée par la magie d’une plante crucifère cousine du colza, Isatis tinctoria, au fort pouvoir colorant en un bleu profond et durable. Exportée en “coques” dans toute l’Europe, elle a fait la fortune des marchands pasteliers qui firent édifier ici de somptueôx hotels particuliers. Nécessitant un processus long, chronophage et donc onéreux, ce “pastel des teinturiers” sera supplanté par une autre plante tinctoriale provenant du Nouveau Monde, l’indigo. Demandant un sol riche et meuble, plutôt calcaire et argileux, le pastel a trouvé des conditions favorable en Lauragais et surtout dans l’Albigeois aux hivers doux et pluvieux et aux ètés bien ensoleillés. Gourmand, il imposait des rotations de cultures complexes et une main-d’oeuvre nombreuse, des semailles à la transformation. Les feuilles, récoltées au ciseau, étaient séchées puis broyées dans un moulin et cette pulpe, moulée à la main, était ensuite façonnée en boules: les coques (d’où le terme de cocaque). S’ensuivait une fermentation qui durait encore quatre mois….Depuis une vingtaine d’années, dans ce “triangle de l’or bleu”, entre Albi et Toulouse, quelques passionnés de botanique et de plantes tinctoriales s’emploient à recréer la filière et à faire revivre cette antique technique de teinture. Dans le petit village de Lautrec, à 30 km d’Albi, Françoise et Michel ont ainsi remis au gout du jour la teinture à l’ancienne, dans leur atelier-boutique, La Ferme au Village, où ils vendent également des produits régionaux, don’t le fameux ail rose.
Art&Décoration – Novembre 2019 – N° 545